De plus en plus, les termes de « transition économique » circulent dans la Région. Si ce concept peut être appréhendé assez simplement en son sens large, ses contours restent encore relativement flous pour beaucoup. Opérer un changement dans l’économie, oui, mais comment ? Vers quoi ? Le nouveau paradigme vient-il remplacer l’économie circulaire, ou s’agit-il, à l’inverse, de concepts complémentaires ? Petite mise au point.

Une économie circulaire régionale bien rodée

Avec le Programme Régional en Economie Circulaire (PREC), la Région explore depuis 2016 un modèle alternatif à l’économie linéaire, qui se définit par l’augmentation, à toutes les étapes du cycle de vie des produits (biens et services), de l’efficacité de l’utilisation des ressources et la diminution de l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus.[1]

Cinq ans après le lancement de ce programme et autant d’appels à projets BeCircular, un réel engouement pour une transformation de l’économie bruxelloise vers plus de circularité s’est développé. Des centaines de projets et d’initiatives promouvant et facilitant la récupération des matières, la réduction des déchets ou encore la mutualisation des biens ont vu le jour, et la région a reçu deux awards internationaux pour son exemplarité.

Avec cet élan énergique et ces résultats probants, il va de soi que la Région ne compte pas tirer un trait sur l’économie circulaire.

Pousser la démarche plus loin

En 2020, la région publiait la Stratégie Go4Brussels 2030, qui constitue le plan politique stratégique bruxellois à l’horizon 2030. Cette stratégie émet des engagements concernant de nombreux secteurs, comme la mobilité, l’enseignement ou encore le numérique, mais également un large volet dédié à l’économie et, plus précisément, à la transition de cette dernière.

A ce sujet figure dans la stratégie le passage suivant : « […] Atteindre de telles ambitions climatiques passe par un travail de transition de l’économie vers une économie décarbonée et circulaire, c’est-à-dire une économie qui transforme les objectifs environnementaux en opportunités économiques, ancre l’économie à Bruxelles afin de produire localement quand c’est possible, réduit les déplacements, optimise l’utilisation du territoire et crée de la valeur ajoutée pour les Bruxellois, et enfin, contribue à créer de l’emploi de qualité et peu délocalisable. C’est ce qu’a initié le Plan Régional en Economie Circulaire qu’il nous faut maintenant accélérer. »

Nous le voyons, le paradigme de l’économie circulaire fait partie intégrante de la conception régionale de la transition. Seulement, alors que le PREC s’adressait à un rayon de publics et de secteurs limité, la stratégie Go4Brussels 2030 souhaite pousser la démarche plus loin, en incluant tous les domaines de la société et tous les types d’acteurs économiques, dans un élan globalisant.

Le volet économique du plan ne se limite pas au passage à une économie circulaire, mais se préoccupe également d’aspects connexes comme la décarbonisation de l’industrie, le caractère régénératif de l’économie ou encore la justice sociale.

Ce dernier point est d’ailleurs présenté comme essentiel dans la stratégie Go4Brussels 2030 : « Cette transition économique sera intrinsèquement juste, c’est-à-dire qu’elle vise à mettre au cœur des politiques de transition économique la question de son impact social et environnemental afin que les logiques se renforcent mutuellement au lieu de s’opposer. […] Cela conduira notamment à s’interroger sur le modèle d’entreprise et sur l’entrepreneuriat social et démocratique, c’est-à-dire un mode de conduite de l’entreprise qui se fonde sur les enjeux de société, notamment environnementaux, et sur la prise en compte de son capital humain comme partie prenante à l’entreprise. »

Des mesures d’adaptation de l’industrie, de l’enseignement et de la formation ou encore de la recherche et innovation seront également déployées. Pour ce faire, la stratégie Go4Brussels 2030 prévoit notamment d’organiser la gouvernance climatique de manière conjointe avec les partenaires socioéconomiques, afin de pouvoir aligner les visions et agir de concert vers une société plus durable.

Économie circulaire et transition : des concepts interdépendants

Loin d’être incompatible à la future transition régionale, l’économie circulaire se présente finalement comme un de ses éléments constitutifs majeurs. La transition économique adoptera une vision et des mesures plus larges, afin de lancer un mouvement englobant et généralisé de changement dans la région, mais le modèle économique circulaire en sera une des clés de voûte.

[1] Définition de l’économie circulaire disponible sur le site du PREC : https://www.circulareconomy.brussels/a-propos/leconomie-circulaire/