Interview: Skyfarms, pour une verdurisation maraichère de Bruxelles

04/01/2021 | Interview: Skyfarms, pour une verdurisation maraichère de Bruxelles |

Mailler le territoire bruxellois de potagers urbains, c’est l’objectif du lauréat BeCircular 2018 Skyfarms. Qualité des aliments, reconnexion avec la nature et les autres, stimulation de la biodiversité… Les avantages du maraichage en ville sont nombreux. Rencontre sans salade avec Augustin Nourissier, fondateur et acteur multi-casquettes de Skyfarms.

Quelles sont les activités principales de Skyfarms ?

Skyfarms est une entreprise spécialisée en création et en accompagnement de potagers urbains. Nous nous adressons à l’origine aux entreprises, mais nous avons aussi développé une offre similaire pour le grand public. Nous essayons pour ce dernier de mailler la ville avec nos propres potagers, que l’on mutualise, en plus d’avoir des sites fixes où nous organisons des journées de formation (site Skyfarms de Laeken, jardin communautaire Wonderlecht, sites mutualisés de citydev.brussels,…)

Dans les deux cas, nous sommes amenés à faire des analyses de sites en ville, à imaginer des solutions techniques, et, derrière, à faire la mise en place et l’accompagnement, la formation des personnes qui s’y impliquent.

En quoi Skyfarms s’inscrit-il dans l’économie circulaire ?

Nous sommes passés d’un modèle de vente de matériel pour les potagers à de la location. Nous proposons toujours les deux, mais nous avons constitué un stock de matériel que nous pouvons mettre à disposition, et une fois que le client ne s’en sert plus, nous le redéployons ailleurs.

L’idée d’utiliser des espaces normalement peu utilisés ou décoratifs, comme des toits ou des terrasses, constitue aussi pour nous une forme d’économie circulaire. Nous utilisons une ressource, qui est de l’espace en ville.

A quels problèmes de la vie en ville cherchez-vous à répondre ?

D’abord, il y a l’aspect biodiversité, de verdurisation des villes, la volonté de créer des espaces plus agréables, de ramener de la vie, de créer des couloirs verts où des espèces diverses et variées peuvent trouver à manger, s’abriter,… Il y a vraiment une réflexion systémique par rapport à nos villes.

De l’autre côté, il y a l’aspect humain, l’idée de resserrer le tissu social dans les villes. Nous créons des lieux d’autoproduction avec l’idée de connecter les gens entre eux et à la nature, et de réapprendre des compétences en maraichage qui sont souvent oubliées.

L’agriculture urbaine peut-elle remplir le besoin d’alimentation d’une ville ?

Le problème de l’agriculture urbaine, c’est que le potentiel de production des surfaces est trop faible par rapport à la population, mais on peut tout de même faire une partie importante du maraîchage (fruits et légumes). Même si cela représente 25 ou 30% de l’assiette, c’est tout de même une économie significative en logistique, supermarchés etc. C’est également un gain de qualité important. Nous produisons sans aucun traitement, avec une terre de qualité, en suivant les saisonnalités, avec des variétés adaptées, donc les produits obtenus sont beaucoup plus nutritifs et qualitatifs. Il ne s’agit pas seulement de compenser la quantité, il y a aussi un gain en qualité. 

Quels sont les avantages du potager d’entreprise pour une organisation ?

Ce que les participants soulèvent, le plus souvent, ce sont les aspects « bien-être » et  « formation ». L’accompagnement se fait durant toute une saison, de mars à octobre, une ou plusieurs fois par semaine, et nous faisons tout ensemble. A la sortie, les participants sont super autonomes. De plus, ces rendez-vous ont lieu sur le temps de midi, donc ils permettent de sortir prendre l’air et de parler à des collègues en dehors du cadre du travail.

L’organisation s’y retrouve aussi, avec des avantages pour son image. C’est une belle histoire à raconter concrète, sans greenwashing, donc c’est très puissant.

Que peut-on espérer voir pousser dans un potager urbain ?

Tous les légumes courants, comme des tomates, concombres, courges, salades, etc., peuvent s’y retrouver, mais nous faisons aussi pousser du houblon et des plantes qui ne sont pas directement comestibles, ou pas connues comme telles : des fleurs ou des plantes d’accompagnements qui ont des usages en permaculture, comme les orties.

Nous pensons beaucoup aux insectes qui jouent un rôle majeur dans la pousse des fruits et légumes. Notre approche permacole va permettre d’éviter l’utilisation d’agents chimiques et maintenir un bon équilibre dans notre potager.

La biodiversité sera d’ailleurs un de nos chevaux de bataille dans les années qui viennent : nous voulons recréer des écosystèmes traditionnels entiers à l’intérieur de la ville.

Retrouvez toutes les activités et formations de Skyfarms sur leur site !