La démocratisation en entreprise, un vecteur de transition

29/09/2021 | La démocratisation en entreprise, un vecteur de transition |

Dans la théorie du Donut, l’économiste britannique Kate Raworth fait d’un plancher social un des deux éléments constitutifs d’une économie durable. Le constat est clair : le système qui pourra prospérer sans mettre à mal l’avenir de l’humanité et de la planète sera social ou ne sera pas. L’intégration de cette dimension dans l’économie passera par la révision de nombreuses manières de fonctionner, notamment au sein des entreprises et de leur gouvernance. Mais pourquoi, et comment, entreprendre cette transition ?

Actuellement, dans nos systèmes économiques, le nombre d’entreprises ouvrant leur gouvernance à tous les producteurs de valeur, en ce compris les travailleurs, n’est pas légion. Les réflexions portant sur la transition et conceptualisant les contours d’un futur durable sur les plans économique, social et écologique, questionnent le lien entre la propriété et l’accès aux décisions.

La démocratisation

La transition ouvre la voie à d’autres conceptions, où le rapport à la hiérarchie ou la place du profit et du capital au sein des organisations sont repensés. Ces nouvelles visions ne renient pas l’importance des investisseurs et décideurs, mais plaident pour une redéfinition de la place de l’humain au sein de l’entreprise et de l’ouverture de la gouvernance à tous ses contributeurs, en ce compris travailleurs. Ce tournant social au sein de la gouvernance est théorisé sous le nom de « démocratisation de l’entreprise ».

La région bruxelloise s’inscrit pleinement dans cette perspective et soutient que de nouvelles façons de fonctionner ensemble, de gérer et de gouverner, donnant du sens au travail par une compréhension plus complète des enjeux, sont possibles et souhaitables. C’est la raison pour laquelle elle fait de la démocratisation des entreprises un des fers de lance de la stratégie régionale de transition économique (SRTE), qui est actuellement en construction.

Pourquoi s’y mettre ?

Si la démocratisation demande un travail de fond important sur le fonctionnement et la culture de l’organisation, elle offre aussi, et surtout, de nombreux avantages :

En plus de ces avantages internes, la démocratisation des entreprises présente des avantages à l’échelle régionale. D’une part, la relocalisation de la prise de décision permettra à la société de ne pas s’orienter uniquement vers les gains, mais aussi de remettre au centre des considérations sociales. D’autre part, la transition vers une vision plus collective aura un impact, à terme, sur les relations entre entreprises de la région, atténuant la compétition et favorisant la collaboration. Cela permettra de développer le maillage local, avec prise de décisions commune entre entreprises, et d’amplifier l’effet de la démocratisation à l’échelle bruxelloise.

Comment s’y prendre ?

Il n’y a pas de recette précise pour une transition démocratique réussie. Selon la taille de l’entreprise, ses activités ou encore l’inertie de l’équipe face au changement, des approches différentes doivent être déployées.

Des entreprises, à Bruxelles comme ailleurs, ont déjà passé le cap de la démocratisation, et de nombreux formats et techniques ont fait leurs preuves : holacratie (système de mangement dans lequel des équipes auto-organisées ont une autorité et des responsabilités), organisation en coopérative, mise en place d’assemblées générales et conseils d’administration, association de travailleurs sans lien de subordination, advice process (principe de consultation des personnes concernées avant une prise de décision), etc. 

L’appropriation des pratiques participatives et démocratiques constituant un des leviers favorisant la transition économique, la future stratégie régionale soutiendra les entreprises bruxelloises qui envisagent des nouvelles façons de gouverner leur organisation.